Camwater: Jean William Sollo, Directeur Général, entendu au SED

Le Directeur Général de Camwater a été auditionné au sujet de la gestion controversée des fonds de sécurité de cette entreprise publique, pendant qu'il lui est reproché d’engager des chantiers « inopportuns» sans requérir l’aval du conseil d’administration.

L’information est passée presque inaperçue. Tout au moins, elle n’a pas fait grands bruits jusque-là. Pourtant, ce vendredi 15 février 2013, le Directeur Général de la Cameroon waters utilities corporation (Camwater), a passé des moments difficiles au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Selon des sources proches de l’enquête, Jean William Sollo y était convoqué sur «hautes instructions», pour répondre à une enquête préliminaire au sujet de la gestion de la Camwater, société dont il a la charge depuis environ un an. Au centre de l’audition, la décision du Directeur Général sans l’aval du conseil d’administration, d’acheter un terrain estimée à 200 millions de francs Cfa pour la construction d’une cité des cadres à Yaoundé, où l’entreprise de patrimoine public entend engager près de 2 milliards de francs Cfa pour les travaux.

Une décision pour le moins «absurde», argue-t-on dans certains milieux du pouvoir, surtout quand on sait les problèmes d’eau que connaît le Cameroun. Tous les jours, on voit comment des gens défilent le long des villes et campagnes avec des récipients à la recherche d’eau, beaucoup de camerounais, faute d’eau potable, se contentant des eaux de marigots et de puits insalubres pour assouvir leur soif.

Une eau impropre à la consommation à l’origine des maladies hydriques, notamment le choléra qui a souvent provoqué des centaines de décès. Après son audition, Jean William Sollo qui en est reparti libre, mais qui reste à la disposition de l’enquête, sait sans doute que ce projet d’investissement au centre de la controverse qui n’a reçu ni l’aval du conseil d’administration, encore moins celui du gouvernement aura du mal à se réaliser, au moment où l’on parle des retro commissions de 70 millions Fcfa.


Gestion des fonds de sécurité

Même si dans l’entourage du Directeur Général l’on minimise son passage devant les fins limiers du Sed, des informations dignes de foi révèlent que Jean William Sollo devrait également s’expliquer sur la gestion des fonds de sécurité estimés à un milliard de francs Cfa, cet argent soigneusement gardé à la banque étant utilisé par la Camwater comme caution lorsqu’il s’agit de solliciter des prêts auprès des institutions financières. C’est d’ailleurs « la dilapidation » des fonds de sécurité qui aurait, entre autres, amené certains bailleurs de fonds, à l’instar de l’Agence française de développement (Afd), de geler leurs financements estimés à plus de 65 milliards de francs Cfa. L’espoir d’une reprise de financement résiderait en la rencontre que le Président de la République, Paul Biya, a eue avec le Directeur Général de l’Afd, Dov Zerah, lors de la visite de travail effectué il y a quelques jours en France par le Chef de l’Etat. Selon toute vraisemblance, Jean William Sollo ne serait pas au bout de ses peines, quand on sait les décisions pleines d’incongruité découlant du conseil d’administration d’il y a quelques jours, où un membre du conseil d’administration, en l’occurrence, Jean Pierre Bidjocka, sous Directeur de l’hydraulique au Ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee) et représentant dudit Ministère au conseil d’administration a été nommé sur proposition du Directeur Général, Conseiller technique N°4 à Camwater. Une décision qui foule au pied, les dispositions régissant les établissements publics, notamment la loi de 1999 qui stipule que le conseil d’administration, organe délibérant est chargé de contrôler la gestion de la Direction générale, organe opérationnel. Entre toutes ces « affaires» qui mettraient à nue la gestion gabégique de Jean William Sollo, ce dont ont besoin des Camerounais, c’est de disposer d’une eau potable.

Source : http://www.cameroon-info.net (© Hervé B.Endong | La Nouvelle Expression)