Bref aperçu de la problématique du Cacao et du Café au Cameroun
Le Cacao et le café constituent depuis l’indépendance les principaux produits agricoles d’exportation de notre pays.
Ces produits occupent une place de choix dans la balance commerciale nationale (25 à 30% des exportations non pétrolières) et contribuent de manière significative à la formation du revenu monétaire des populations des zones de production, avec un impact économique et social d’environ 110 milliards de francs CFA par an, distribués à près de 600 000 producteurs.
La recomposition du marché mondial du cacao et du café du fait de l’entrée en scène de nouveaux pays producteurs (Sud-Est asiatique) au cours des années 80 doublée de la politique de libéralisation mise en œuvre par les pouvoirs publics depuis 1991 ont eu un impact défavorable sur le développement de ces deux filières.
Au plan national, la baisse des cours mondiaux du cacao et du café a fait perdre au Cameroun une part substantielle de ses recettes d’exportation. D’où le désengagement de l’Etat et le transfert d’une partie de ses missions traditionnelles aux producteurs.
Au niveau des producteurs, la faible rémunération des prix au producteur ont entraîné la chute des revenus des planteurs, la détérioration de leur niveau de vie et la diminution de leurs capacités d’épargne avec pour conséquence, le recul d’intérêt pour la caféiculture et la cacaoculture, l’abandon des opérations d’entretien du verger, voire l’arrachage pur et simple des plants et la recherche des sources alternatives de revenus à travers la diversification.
A titre d’illustration, la production nationale de café robusta estimée à 95 000 tonnes par an dans les années 80, a progressivement décliné pour atteindre 50 000 tonnes en 2005, soit un rendement de 400kg/ha. Quant à la superficie, elle est passée à 143 000 ha contre 180 000 ha au milieu des années 90.
Contribution de la caféiculture au rayonnement du Moungo
Dans le «bassin de production du Moungo» en général et de la ville de Nkongsamba en particulier, l’ensemble de l’économie s’est structurée autour de la filière café avec :
- D’importants flux migratoires à destination de la région du Moungo dont les terres fertiles et le climat propices à la culture du café ont constitué un attrait pour les populations jeunes des régions voisines ;
- Près de 70 000 chefs d’exploitations impliqués dans la culture du café avec des parcelles dont la taille variait entre 1 et 3 hectares ;
- L’attrait des investisseurs et l’installation de nombreuses unités d’usinage du café tant à Nkongsamba que dans les petites localités environnantes ;
- Des possibilités d’emplois pour les populations autochtones et allogènes aussi bien au niveau des exploitations caféières qu’au niveau des usines à café ;
- Des taxes substantielles payées au trésor public ;
- Le développement de l’activité commerciale, en raison d’une forte demande en biens et services soutenus par un pouvoir d’achat élevé ;
- L’intérêt évident des pouvoirs publics pour cette région au dynamisme économiques, installation de nombreux services publics à l’envergure provinciale, plusieurs initiatives dans le but de valoriser le métier de caféiculteur (fête du café) ; etc.
Fort de cette dynamique, la ville de Nkongsamba a même eu le mérite d’être classée troisième ville du Cameroun derrière Douala et Yaoundé.
DECLIN DE L’ECONOMIE CAFEIRE
Le déclin de la caféiculture dès le début des années 90 s’est accompagné du délabrement progressif du tissu économique dont les indices visibles sont entre autres :
- Abandon des caféières devenues peu rémunératrices et orientation vers d’autres activités jugées plus porteuses ;
- Fermeture de nombreuses usines à café et mise au chômage d’anciens employés ;
- Délabrement des infrastructures, routières notamment ;
- Exode massif des populations jeunes et des opérateurs économiques attirés par les grands centres urbains (Douala et Yaoundé) et des villes émergentes telles que Bafoussam ; etc.
POSSIBILITES DE RELANCE DE LA CAFEICULTURE : UNE CHANCE POUR LA VILLE DE NKONGSAMBA
Après plusieurs années caractérisées par des prix au producteur peu rémunérateurs, des améliorations sont perceptibles depuis les trois dernières campagnes, très probablement en raison des difficultés d’ordre technique que connaissent de plus en plus les producteurs de l’Asie du Sud-est. Cette embellie survient malheureusement dans un contexte où la caféiculture camerounaise délaissée depuis plus d’une décennie fait face à deux graves problèmes :
- Le faible niveau de la production du à la faible productivité des exploitations existantes d’une part, et au faible engouement à la création de nouvelles plantations d’autre part ;
- La baisse de la qualité du café camerounais sur le marché mondiale causée par :
Les facteurs climatiques défavorables pour le séchage ;
L’insuffisance des structures de séchage, de conditionnement et de stockage au niveau des producteurs ;
La présence des non professionnels dans les circuits de commercialisation ;
Les mauvaises pratiques commerciales (produits humains ; présence des déchets, moisissures, etc.)
Eu égard à cette situation qui fait au Cameroun une part importante de ses recettes d’exportation malgré l’important potentiel
existant ; et face au défi de lutte contre la pauvreté notamment en milieu rural, le gouvernement, à travers le MINADER, travaille sur la possibilité de mettre en œuvre un programme de
relance des productions cacaoyères et caféières, en vue d’une part de reconquérir sa place sur le marché mondial, et d’autre part d’améliorer le revenu des producteurs par une augmentation
significative des productions ainsi qu’une amélioration de la qualité marchande des produits.
La relance de la caféiculture au Cameroun devra, en conséquence, passer
par :
- La création de plantations nouvelles et la régénération des vielles caféières ;
- La production et la diffusion d’un matériel végétal performant ;
- L’amélioration de la qualité du café marchand.
- La mise en œuvre de ce programme, si elle est effective, peut constituer une aubaine pour le bassin de production du Moungo en général et la ville de NKONSSAMBA en particulier. Ceci est d’autant plus vrai que le café constitue l’élément structurant autour duquel s’est bâtie l’économie de la localité : le bassin du Moungo représente à lui tout seul 75% de la population nationale de café robusta.
Toutefois, l’accent devra être mis sur la transformation locale pour contribuer au développement du tissu industriel local, gage de la durabilité de la croissance économique, et espérer une valeur ajoutée substantielle pour l’économie nationale.
M. ateba noah Dominique
Cadre au p.d.r.b.a-mn