Pour rester en tête du marché, le journal a tenté d’étendre sa pénétration à travers le pays. “Au Cameroun, les médias doivent être nationaux pour atteindre suffisamment de lecteurs”, estime Sylvain Timamo, l’éditeur de Scores 2000.
Le journal a étendu son réseau de correspondants en recrutant des pigistes dans les principales villes du pays. “Cela nous permet d’offrir davantage d’informations, ce qui rend le journal plus attrayant. Nous réalisons actuellement vingt pour cent de nos ventes dans d’autres régions que Moungo”, confie-t-il.
Néanmoins, Scores 2000 n’a pas abandonné son caractère régional. Au contraire, il continue de s’en servir comme argument de vente. “Nous soulignons le fait que nous sommes les seuls à couvrir des communautés spécifiques. Cela n’était pas un de nos objectifs au départ, car nous voulions surtout nous concentrer sur l’analyse. Mais le comité de rédaction nous a proposé de couvrir les manifestations communautaires, ce qu’il s’est révélé une excellente idée pour stimuler les ventes”, constate Timamo.
Il mentionne le cas d’une seule personne qui a acheté une fois une centaine d’exemplaires du journal pour les distribuer dans son village en voyant un article qui lui était consacré.
Quand le journal a vu le jour, il était le seul titre publié à Nkongsamba, alors qu’il doit faire face aujourd’hui à la concurrence de sept autres publications. La crédibilité est l’un des principaux atouts de Scores 2000 face à ses concurrents.
“Nous avons bâti notre crédibilité en nous concentrant sur les faits et l’analyse. Le fait d’être le premier journal dans la région nous a permis de développer un bon réseau. Nous sommes mieux positionnés que les autres pour enquêter et pour être toujours les premiers sur le terrain”, souligne Timamo.
La prolifération de nouveaux titres est une menace pour la qualité du journalisme, car il n’y a pas suffisamment de journalistes pour le nombre croissant de publications.
“Les nouvelles publications recrutent principalement des étudiants ou des spécialistes. Cela pose un problème, car cela affecte la qualité de reportage. Le problème est qu’ils ne respectent pas la déontologie : ils ne sont pas précis dans leurs reportages et ne vérifient pas leurs sources”, déplore Timamo.
“Ces nouvelles publications reprennent également des articles publiés par Scores 2000, ce qui induit les lecteurs en erreur quant à la source originale de l’article”, regrette Timamo. Cela influence les ventes de la publication.
Pour préserver sa diffusion, le journal a également essayé d’augmenter le nombre de ses abonnés. Cette stratégie, toutefois, n’a pas connu le succès escompté. “Comme le pouvoir d’achat des Camerounais est faible, les lecteurs ne veulent pas s’engager pour un abonnement d’un an, mais préfèrent choisir le journal qu’il achète chaque fois qu’ils vont dans les kiosques”, explique Timamo.
Les journaux dans la région ne sont pas uniquement en concurrence pour les lecteurs. Même si la diffusion représente 60 pour cent du chiffre d’affaires total du journal, ce chiffre a diminué ces dernières années en raison de l’arrivée de certains titres sur le marché, qui paraissent parfois sporadiquement dans le seul but de gagner de l’argent grâce à la publicité. Timamo et d’autres éditeurs indépendants essaient de lutter contre ce qu’ils considèrent comme de la concurrence déloyale.
“Certains journaux ne paraissent que deux fois, ils ne paient pas de taxes et, en plus ils attirent beaucoup de publicité parce qu’ils connaissent certains hommes d’affaires ou sont liés aux directeurs des ventes de certains sociétés”, dit-il.
Les éditeurs indépendants se sont unis pour lutter contre cette situation. Ils font pression auprès des autorités pour que la publicité soit distribuée parmi les journaux qui paraissent régulièrement et qui sont correctement enregistrés.
Ils font également pression pour abaisser les taxes imposées aux journaux. “Les journaux sont des outils éducatifs”, remarque Timamo. “Par conséquent, ils devraient être traités différemment des entreprises commerciales. Jusqu’à présent, nous avons payé les mêmes taxes qu’elles, ce qui ne favorise pas le développement de l’industrie de la presse. Toutefois, depuis que les journaux indépendants osent critiquer le gouvernement, celui-ci utilise les taxes pour affaiblir notre position”, remarque Timamo. “Nous avons compris que la politique du gouvernement n’est pas de coopérer avec nous, parce qu’il ne veut pas d’une presse libre,”, conclut-il.
Soure : Réseau Africain de la Presse du 21ème Siècle (www.rap21.org)